Une petite quarantaine si quelqu'un avait pris la peine de compter. Une petite quarantaine de personnes à s'être amassée devant l'estrade improvisée dressée sur la petite place du quartier populaire Est. C'est très tôt en ce matin du 60ème jour du Zéphyr de l'an 1329 ApE que Reaver a pris la parole, debout sur un chariot à marchandises vide tandis que la populace s'affaire à installer les étalages de fruits, de légumes, d'étoffe bon marché et de babioles en tout genre. Sa voix grave et tonitruante résonne alors entre les bâtiments :

"Chers concitoyens, chers amis, chers frères et sœurs !

La décadence qui a étreint ces quartiers depuis quelques mois me désempare. Où sont les braves qui ont fait face ENSEMBLE à la menace du Blanc-Manteau ? Où sont les braves qui ont tenu tête ENSEMBLE aux pirates de la Faucheuse ? Où sont ces mêmes braves qui ont envoyé ENSEMBLE la Caravane des Renégats devant la potence ? Qu'en est-il de ces histoires qui ont fait la Gloire de nos quartiers ? Je refuse de croire qu'elles ont été réduites à de simples brèves de comptoir. Nous avions des principes. Forts et immuables. *brandit son poing serré* "Ne les laissons pas devenir de banals sujets de franche rigolade entre péquenots avinés !

Voici une anecdote qui, je pense, prend tout son sens ici-même. Un vieil ami m'a convié à une partie d'échecs, il y a de ça quelques semaines. Avant de prendre place, il a balayé le plateau de jeu d'un revers de main et y a planté un Roi et un Fou noirs. "Nous sommes la pièce que nous décidons de jouer". Là où certains voient un polissage d'ego, j'y vois une grande fierté. La Fierté d'avoir été le représentant de ces quartiers auprès des Grands Dirigeants. Je n'ai ni la folie de prétendre à un siège de Ministre, ni l'audace de me prendre pour un messie. Mais je suis persuadé d'une chose : Ensemble, nous pouvons aller de l'avant et remettre de l'ordre dans nos vies souillées par l'égoïsme d'une minorité !"

Il s'arrête et pose le pied sur le siège de cocher, croise les mains sur son genou plié et se penche avant de reprendre, détaillant l'auditoire d'un air grave :

"Je ne suis pas sans connaître la misère dont vous êtes les victimes, la tentation est grande quand l'argent devient facile. Certains d'entre vous ont succombé. Pour nourrir leur famille, pour donner un avenir meilleur à leurs enfants... Mais par le passé, vous avez été nombreux à nous soutenir quand la drogue a frappé à nos portes. Forts et immuables, vous avez fait front d'un seul bloc pour stopper net la propagation de la Sirène. Aujourd'hui, nous pouvons encore constaté les dégâts de la folie d'un Prince. *se redresse et écarte les bras* A quoi bon dresser des statues à l'effigie d'un homme si elles ne peuvent être contemplées que par les yeux révulsés des fidèles ?"

"Grenth est à même de faucher les vies. Ne laissons à personne ce droit, et cent fois moins à ceux qui le prennent sans ciller ! *balaye l'air d'un revers de main* Nous savons tous que ces pavés ont bu plus de sang qu'ils n'auraient dû. Au nom de quelle justice ? Aucune ! Au nom de l'orgueil mal placé d'un jeune fou ! Aucun ne peut prétendre avoir les moyens d'acheter des balles plutôt qu'une miche de pain. Cessons cette guerre, car vous êtes les seuls à en payer le prix !

L'homme se tait un instant, l’œil rivé sur la foule qui accuse, pleure et vocifère. Si certains s'éloignent la tête basse, d'autres s'approchent davantage, alertés par ce discours honnête et sans détour.

"Avant de vous laisser gagner votre pain, je vous invite à prendre un moment dans la journée, dans la semaine, pour réfléchir aux solutions que nous pouvons apporter à ces rues que nous aimons tant. Je suis à votre entière disposition pour entendre, pas écouter mais ENTENDRE, vos avis. Pour les plus chanceux d'entre nous qui ont appris à écrire, une urne est en place au Cul-de-Sac. Je serais honoré de porter ces idées devant nos dirigeants en notre nom à tous."

Le poing droit serré contre la poitrine, il incline la tête en guise de salut avant de descendre de cette scène de fortune où il était perché.

Spoiler:

Un homme chauve portant un collier de barbe et des cicatrices sur les joues partant de ses lèvres, se dresse sur le chariot après la précédente intervention.

"AMIS! FRÈRES! Fiers citoyens de Kryte et compagnons de beuveries. Preuves vient d'être faite que dévot visage et pieuses actions ne servent qu'à enrober de sucre Abaddon lui-même.

Cher ami, vous parlez des folies d'un prince, mais devons-nous rappeler le régime de terreur que vous aviez mis en place? Sur trois clients entrant dans votre établissement, Un seul en ressortait entier.

Un prince peut-il-être fou dans un monde de fous? Je ne vois que ceci autour de moi, messieurs dames, des gens rendus fous par la peur de la loi martiale. La folie de ce prince, Monsieur, a permis aux citoyens de perdent la méfiance des autorités, par quels moyens? Là n'est pas la question. La décadence, dont vous parlez si bien, n'a surgit qu'après que ce prince ai prit ses distances. Est-il absent pour autant? Non. Pensez vous qu'il ne sait pas ce qu'il se passe? Que son cœur ne souffre pas de voir ses camarades ainsi prit pour des grawls?"

Il lève la main face aux premières insultent qui fusent

"Vous parlez de Grenth Monsieur mais, vous vous rabaissez vous-même à un Dhuum désireux de récupérer les attributs de la Mort dont il fut dépossédé. Et à l'image de ce dieu qui vous va si bien, vous fûtes violent et destructeurs Monsieur. Vous avez fait grimper l'insécurité dans nos rues. Vous vous êtes fait maître de ces lieux et vous essayez à présent de réitérer. Messieurs, mesdames, est-ce cela dont vous voulez? Surtout en cette période de crise!? La seule maîtresse de ces quartiers est la Couronne, et le ministre Volderodh nous l'a très bien fait comprendre. Pensez vous sincèrement que cette parodie de démocratie est une bonne idée? Pensez vous que l'insécurité doit refaire surface? Est-ce d'une confrontation avec l'armée Royale que vous voulez, monsieur?"

Il lève à nouveau la main après la mention du nom du ministre Volderodh.

"Le Prince s'est retiré, épuisé par le travail titanesque qu'il a eu à fournir après avoir évincé votre régime de terreur Monsieur. Vous parliez tout à l'heure d'échec, mais ne sommes-nous que cela pour vous..? Des pions? Vous parlez d'une époque que nous nous forçons d'enterrer, vous parlez des folies d'un homme qui a donné de son corps pour ces gens, OÙ ÉTIEZ-VOUS À CE MOMENT LÀ? NOUS. CITOYENS DU PROMONTOIRE DIVIN ET NON DES QUARTIERS POPULAIRES ÉTIONS LÀ À SUER EAU ET SANG POUR GAGNER NOTRE PAIN. Vous demandez aux gens de voter? Je propose ce vote. Partez. Laissez nous nous occuper de nous et retourner à vos occupations qui vous ont si bien réussi depuis votre départ, vous semblez en bonne santé, vous semblez ne pas souffrir plus que moi de la situation. Aujourd'hui, nous ne voulons qu'une chose, c'est vivre tranquillement loin des actions de fous bien réel tel que ceux qui tentent d'instaurer une dictature et des raquettes, tel que vous, monsieur. Je n'ai pas la mémoire courte et nos amis non plus. Je vous propose ceci, cessons cette fausse politique, laissons ces affaires aux ministres, rentrons chez nous, montrons aux autorités que nous sommes de bons citoyens et n'organisons pas de fédération populaire qui nous ferons, à terme, plus défaut qu'autres choses."

Il marque un temps d'arrêt pour regarder chacun des présents droit dans les yeux d'un air grave.

"Je suis Cornelius Juvis Pater, je travaille au pichet sans fond et j'appelle à voter pour un retour au quotidien."

Reaver marque un temps d'arrêt avant de sourire largement à cette ressemblance étrangement proche de la sienne. Il désigne l'orateur chauve et donne une tape sur l'épaule d'un jeune homme de taille moyenne aux cheveux blonds ambrés posté à sa droite.

"Hé, Bones, t'as vu que j'ai lancé une mode. Tu le connais ?"

Le type ricane en dévisageant la pâle copie.

"Ayééé, r'garde comme il est biôôô... J'entraves qu'dalle à c'qu'il raconte. J'crois qu'il sait même pas qui t'es ni même c'que t'as pu faire, patron. 'core un qui pense que répéter c'qu'on entend sans savoir, c'bien." Il crache par terre. "Tocard."

Reaver lui donne une seconde tape, plus forte cette fois.

"Va dire aux autres que le clebs court après la caravane."