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La nuit tombait lentement sur la ville, les chandelles s’allumaient derrière les carreaux crasseux des chaumières, les enfants rentraient pour le dîner et les catins des bas quartiers prenaient déjà leurs dispositions dans les rues.
La faune diurne laissait doucement place à celle de la nuit, et au milieu de cela un vieux scribe regagnait son office, un parchemin roulé entre ses doigts crispés.
Il se faufilait dans les rues qui s’assombrissaient, toujours en garde de mauvaises rencontres, et sursauta lorsqu’un mendiant lui tendit la main pour quelques pièces.
- Une p’tite pièce m’sire ? La charité...Il l’ignora purement et simplement et fila droit, le pauvre hère le suivant en clopinant, implorant une quelconque pitié, mais qui se fit sèchement refouler à coup de bottes par un garde lorsque le Scribe passa l’arche de Dwayna.
Il marchait prestement vers ses bureaux, les couloirs déjà nimbés de la douce lumière des chandelles.
Son disciple rangeait quelques ouvrages et le salua poliment à son arrivée, jetant un coup d’oeil distrait par l’encablure de la porte aux deux gardes de la cours qui se distrayaient au loin sur le misérable. Le jeune scribe s’empressa ensuite de débarrasser le bureau de son maître alors que celui-ci se penchait devant un lourd coffre-fort et y exécutait la complexe combinaison.
- Vous avez de nouveaux renseignements maître ?
- Il se pourrait bien, cela m’a changé de ces groupes de mercenaires soûlards qui tentent de me convaincre du bien fondé de leur pillages, ou de ces maisons nobles qui se donnent des airs d’aventuriers.L’apprenti acquiesçait alors que son maître arrivait sur le bureau avec un grand et précieux livre tiré du coffre qu’il posa lourdement sur la table. Un nuage de poussière qu’il balaya rapidement n'eut pas le temps de lui monter au visage et il s’empressa de l’ouvrir.
L’épais registre de guilde s'étala devant le greffier, les pages marqués d’une encre appliquée avec grand soin. Il feuilleta les parchemins reliés jusqu’à arriver rapidement vers les derniers. Un titre dont les enluminures à peine esquissées trônait en haut de la page.
Le disciple s’empressait d'enflammer quelques chandelles de plus afin qu’on y voit plus clair dans ce vieux bureau orné de bois sombre et exotique.
- C’est à propos du Sylvari que vous cherchiez ?
- Tu es clairvoyant mon cher Lyonard.
- Euh... et alors ? Que savez-vous de plus ?
Le vieillard choisi soigneusement l’une de ses plus belles plumes qu’il lissa avant de s’emparer d’une encre noire de grande qualité.
- Lis moi mes notes au lieu de bavasser.Puis il termina de noter le titre qui avait été entamé :
La Confrérie du Sombrêve.
- C’est un genre de groupe d’aventuriers qui ne chasse pas vraiment les richesses, ils chassent plutôt les connaissances et touts objets qui y serait lié. Tu me diras que de toute façon ça se monnaie bien aussi ce genre de chose. Mais disons qu’ils ont une façon bien à eux de voir et d’explorer le monde.
- Et... ça se vend mieux que le reste ?
- On dirait.
- Vraiment ? Ils sont mandatés par les vieu... les érudits et les mages du Promontoires en manque de livres et d’artefacts anciens ?
- Apparemment pas, en fait... tous cela serait lié à son peuple.
- Oh... alors ce serait pour...
- Lis mes notes veux-tu...
- Oui, bien sur maître.L’apprenti s'éclaircit la voix.
“C’est une Confrérie sans vraiment de hiérarchie, si ce n’est un pilier fondateur. Chacun apporte sa pierre à l’édifice selon son domaine de connaissance et participe au partage des sciences du groupe. Ce partage est centré autour des Sylvaris de la Confrérie, venant enrichir le savoir de leur fameux Arbre Claire.”Il passa le doigt le long des lignes afin de ne pas en perdre le fil tendit que le vieux scribe prenait note, d’une calligraphie précise et rapide, comme sans doute rare savent le faire en cette ville.
“Le fondateur est un Sylvari du nom de Cynapium Sombrêve. Il ne semble pas vraiment connu par ici, ce nom n’évoque guère de choses. Il s’est entouré de quelques personnages pour le moins originaux, ayant chacun un domaine de connaissance assez spécifique, et en général assez poussé dans leur spécialité.
Leurs voyages à travers la Tyrie les amènent à étudier et découvrir de nombreuses choses encore mystérieuses, même pour nos propres érudits. Les découvertes les plus utiles seraient revenu à prix d’or dans les milieux concernés, principalement à l’Arche du Lion et au Promontoire Divin.”
La plume trempa de nouveau dans l’encrier alors que l'apprenti passait au parchemin de note suivant.
“La naissance de cette Confrérie a été guidées au départ par cette inépuisable curiosité dont font part les représentant du peuple Sylvari. Puis la présence d’individus de toute race qui les ont rejoints au fur et à mesure des voyages leur ont permis des recherches et études plus diversifiées et largement étendu grâces à cette mixité et ces échanges entre peuples.
Ces derniers temps le groupe à fait une halte de plusieurs mois sur la capitale humaine. Certain seraient rentrés chez eux, d’autres sont encore sans doute dans la région à profiter de leur ventes.”
- Maître... vous pensez qu’ils auraient des écrits rares qu’ils auraient rapporter des anciennes terres de notre peuple ?
- Plus tard... nous verrons cela plus tard, finissons, nous nous étendrons sur ce genre de détails une fois tout ceci consigné. Tu es toujours trop pressé mon jeune appren...
Le bruit d’une explosion coupa court a la conversation, les faisant tous deux tressaillir, le vieux scribe passant à un cheveux de renverser l’encrier sur ses pages.
Le jeune homme se précipita à la fenêtre, l’ouvrant grand afin de chercher la provenance de la déflagration qui avait paru si forte... ou si proche. Les gardes dans la cours étaient déjà en branle, un officier beuglait l’ordre de descendre aux quartiers bas du Promontoire Divin.
Le maître scribe suivit jusqu’à la fenêtre avec la toute la maigre vigueur de son âge.
- Ca vient de l’Ouest, regardez Maître ce nuage de fumée là bas, on dirait que c’est proche du grand précipice.
- C’est probable oui, mais qu’est-ce qui aurait pu...Le dernier garde de la petite troupe passa l’arche au même moment qu’une petite balle blanche passait par la fenêtre pour rouler quelques mètres derrière les deux hommes qui se retournaient déjà, interloqués.
Les pétales, d’un blanc immaculé, s’ouvrirent délicatement lorsque le jeune disciple s’avança avec curiosité.
Une ombre se glissait déjà dans la pièce...
- Lyonard ?La fleur éclos complètement, dispersant un nuage de fine poudre jaunâtre, un pollen âpre et insinueux. Lyonard en toussa, essayant de se protéger le visage, son maître en resenti les effets a peine quelques secondes après.
Le pollen volatile faisait déjà son effet, le vieux scribe ne vit qu’une ombre se glisser sur son bureau, un manteau noir, une capuche rabattu sur un visage dont on ne distinguait aucun trait. Il sentit le regard de la créature se poser sur lui alors qu’il n’arrivait même pas à distinguer quoi que ce soit dans cette noirceur qui semblait le fixer.
- Non... le... le livre...Le sommeil le pris, il s’écroula quelques secondes après son disciple alors que l’ombre refermait le lourd ouvrage, le sanglant a son dos d’une lanière de cuire avant que sa cape n’adopte une morphologie suffisante pour la recouvrir. Les longues feuilles noires s’ajustaient à leur porteur et son nouveau chargement.
L’ombre disparu aussi vit qu’elle était entrée, rejoignant l’arche de Dwayna où était resté les deux gardes de faction. Il ne bougèrent pas d’un pouce, les yeux dans le vague, l'esprit confus.
Un Norn se tenant un peu plus loin en observant la scène.
L’ombre foula les pavés de la rue et reprit une démarche plus naturelle et moins pressée, le Norn lui emboita le pas sans un mot.
- C’est parfait, nous sommes assez loin Kanogh.Il hocha la tête sans un mot avant de claquer des doigts, un papillons onirique s’en échappa.
Les deux gardes sortirent de leur torpeur pour se jeter l’un sur l’autre.
Les deux comparses croisèrent une autre Norn accoudée à un point de vu qui surplombant le quartier de la grande faille. Elle leur fit un clin d’oeil de celui qui était encore valide, l’autre paupière recouverte par un complexe monocle d’ingénierie, puis reprit son admiration pour l’énorme panache de fumée qui s'échappait de l’un des bâtiments du quartier ouest déjà bien ravagé avant même l’incendie.
Othea semblait satisfaite de sa dernière invention.
Une tête fini par émerger de la cape noire, la capuche rabattu laissait entrevoir un visage Sylvari aux traits légèrement luisant de rouge dans la pénombre du soir. Le Norn restait silencieux et concentré sur ses illusions, veillant soigneusement à tout ce qui les entourait jusqu’à ce qu’ils passent enfin les portes de la ville.
Ils finirent leur pas dans une petite grotte dissimulée plus en contrebat du Promontoire, où une humaine semblait patiemment attendre, passant le temps à discuter avec un petit pantin de bois désarticulé. Le Norn fit volte face avant de s'asseoir et resta à surveiller l’entrée.
Aethusa se retourna immédiatement à l’approche du Sylvari qui écartait les quelques pan de lierre rendant la grotte plus discrète..
- Tu l’as ? C’est bon ? Tu n’es pas blessé ?
- J’en ai l’air ? Les fleurs d’Elloth ont fait merveille, j’ai récupéré ce bouquin presque sans aucune résistance.
Dit il en détachant le volume de son dos et le tendant à la démoniste. Elle faillit en perdre l’équilibre en l’empoignant, mais un sourire ravi scinda son visage.
- Beaucoup d’informations... sur beaucoup de gens. A toi d’en tirer ce qui pourra nous être utile ma chère. Ensuite ce ne sera pas trop dur de trouver un bon acheteur...
La jeune humaine fila rapidement malgré le poids du livre et embarqua son pantin pour partir vers un lieu plus sur, le Norn veillant à la raccompagner, toujours sans un mot.
Le Sylvari, lui, s’en retourna sur ses pas, se couvrant à nouveau de son manteau de feuilles noires et glissant son visage dans l’ombre de la capuche. Une fois passé la porte du Promontoire, sa démarche se fit plus difficile, récupérant sa vieille branche sur laquelle il pouvait s’appuyer.
Parvenant a la rue montante qui surplombait le quartier rongés par les flammes, il croisa quelques patrouilles au petit trot qui ne firent même pas attention à lui et son allure clopinante. La fumée des flammes commençait à mourir sous les assauts des élémentalistes qui s’acharnaient à étreindre ce brasier plus que coriace. Le Sylvari s’assit dans un coin sombre, se contentant des bruits de panique et de l’odeur de brûlé en attendant le passage du premier quidam venu.
Il tendit la main.
- Une p’tite pièce m’sire ? La charité...~~~~~~~~~~~~~~