Perché sur les hautes murailles du Promontoire Divin, nouvelle égide du peuple humain, les traits tirés, meurtris et fatigués par deux décennies passées à nager au milieu des entrailles des ennemis du royaume ou à piétiné les carcasses mortes de ses soeurs et frères d'armes pour monter à l'assaut.

Les yeux fixés sur l'horizon, Archbald Barentorn les dirigea lentement sur la vallée qui s'étendaient à perte de vue sous son nez, observant et analysant les voyageurs et paysans qui fuyaient le lointain et ses dangers pour rejoindre les portes closent de la capitale.

Le vétéran riva ensuite les yeux sur les hautes tours de la ville, s'imaginant l'espace d'un instant leurs locataires jouir d'un confort privilégié tandis qu'à quelques dizaines de mètres de là leurs semblables hurle à la mort et cri famine.

Un triste constat lui anima alors les songes celui d'une vie passée sur le front à occire des opposants ou à se faire recoudre de part en part pour la sauvegarde d'une élite égoïste et devant faire usage de trois domestiques pour avoir le postérieur propre.

Quoi qu'il en soit... Archbald quitta la muraille, puis la ville s'abandonnant à une vie similaire à celle des misérables qui gisaient sur les routes séparant le Promontoire Divin de l'Arche du Lion.

Fin orateur, il passa de village en village enrôlant sous sa coupe mendiants, paysans équipés de fourches, déserteurs et soldats sur le déclin et parfois même des victimes de guerre privés d'une jambe ou d'un bras.
Les moins expérimentés se sont rapidement vus être formés par les quelques combattants aguerris composant cette troupe, troupe qui prit davantage l'aspect d'une plaisanterie pour le grattin de la Capitale.

Les rires émanant de la ville furent néanmoins stoppés net dans leur élan, laissant place à de sinistre grincements de dents à l'idée de savoir qu'Archbald et sa troupe "armée" avait remportées plusieurs victoires successives face aux ettins, groupuscules de bandits et forces centaures en faction dans la région.

Les crieurs dans les villages octroyèrent à Archbald le sobriquet de Seigneur de Guerre, tandis que ceux de la capitale insistait davantage sur le fait qu'Archbald et les siens n'étaient qu'un ramassis de barbares n'hésitant pas à s'équiper sur les dépouilles des vaincus.

Quoi qu'il en soit il était de plus en plus complexe pour les autorités humaines de ne pas reconnaître les qualités de cette troupe qui faisaient de plus en plus entendre parler d'elle.

Les routes de la Vallée en partie sécurisée, Archbald la même année poussa l'offensive dans les collines de Kesse puis dans la partie nord des Champs de Gendarran avant d'entamer deux années plus tard une percée pourvue d'une violence extrême dans les Hinterlands Harathis, terres de la caste centaure du même nom.

Ne pouvant définitivement plus être tournée au ridicule ni être ignorée des autorités, la troupe et plus particulièrement son meneur fût appelé à la Capitale et invité à rejoindre la branche bâtarde de la noblesse humaine, celle de l'Epée... Archbald lia son nom à cette nouvelle maison noble y ajoutant le "De" de manière à octroyer quelques rires "jaunes" à la branche principale, celle au sang jugé pur et digne.

Aussitôt un semblant de pouvoir acquis, Archbald jugea bon de le partagé avec ses combattants les plus méritants les élevant ainsi à travers la branche martiale de la Maisonnée tout en donnant vie à un Conseil, Conseil voué principalement à éviter que le Seigneur de la Maison puisse jouir d'un pouvoir absolu sur cette dernière, le pouvoir rendant fou selon ses propres paroles.

La nouvelle lignée noble ne tarda guère à jouir d'une excellente réputation auprès de la plèbe humaine notamment en raison du fait que la Maison ne vivait que du strict minimum destinant la majeure partie de son trésor de guerre à la reconstruction des villages détruits, aux hôpitaux et orphelinats tout en permettant au tout venant pourvu que ses actes soient méritants de s'élever dans la caste humaine.

Chose qui eue tendance à creuser le fossé vis-à-vis des relations entre la Maison De Barentorn et une majeure partie des autres lignées, celles-ci n'appréciant guère d'être par conséquent reléguées au rang d'égoïstes.

Par ailleurs, Archbald fût régulièrement la cible de tentatives d'assassinats notamment après son mariage et la naissance de son héritier Ethan De Barentorn, c'est par ailleurs la nuit de la célébration de son cinquante-septième hivernel qu'il rendit l'âme au détour d'une ruelle par l'intermédiaire d'une dague qui lui fût logée au travers de la gorge, la Maisonnée célèbre par ailleurs ses funérailles chaque année lors de la nuit du trois cents septième jour, Saison du Colosse.

Suite au décès du Premier Seigneur, la Maisonnée fût placée sous la coupe de son Chambellan, l'un des membres les plus méritant de la Maison en attendant qu'un meneur talentueux s'éveil dans les rangs de la Maison, tout secteur confondus.

L'attente s'étendit sur une vingtaine d'années, jusqu'à ce qu'Ethan soit élu par le Conseil de la Maison pour succéder au Chambellan pour ses qualités de meneur d'hommes sur les champs de bataille... Conseil qui en paya vite le prix.

Aussitôt le rang de Seigneur acquis, Ethan chassa du Conseil ceux qui étaient défavorables à sa prise de fonction avant de défaire tout simplement le Conseil estimant que le pouvoir sur les siens et sur l'avenir de la Maison lui revenait de droit.

Enfin... Ethan inversa vite la donne sur les tendances de sa Maison, lui offrant un nouveau tournant en faisant exactement le contraire de feu Archbald soit... En privant le bas-peuple et les instituts de charité des appuis des Barentorn et en convertissant cet argent en pot-de-vin pour des bourses réceptives et bien placées afin d'investir la caste politique du Promontoire, domaine particulièrement délaissée par ses deux prédécesseurs.

Ethan était également victime d'une hantise, celle de goûter au destin funeste de son père, aussi... Il donna rapidement vie à un secteur annexe au sein de la branche militaire de la Maisonnée, une branche regroupant principalement des fines-lames recrutés directement dans les bas-fond de l'Arche du Lion ou à leur sortie des geôles.

Une certaine partie de la Noblesse quant à elle commença à craindre les écarts de conduite nouveau Seigneur Barentorn notamment après qu'il fût suspecté d'avoir entrepris un nettoyage par le vide à l'égard de ses principaux rivaux dans le domaine de la politique la majorité d'entre-eux aillant miraculeusement disparu d'un jour à l'autre, élément qui les força au respect.

Sous ses consignes, la Maisonnée se mit également à conquérir un domaine qui lui était jusqu'alors étranger, le commerce et l'exploitation de ressources de manière à générer des sommes astronomiques pour financer leurs campagnes militaires et graisser les pattes réceptives à ce type d'attention.

De la déchéance pour certains... Une montée en puissance pour d'autres.

Au fil des années composant son règne, l'état psychique d'Ethan dérailla de manière exponentielle... Ce dernier était devenu particulièrement possessif et remarquablement avide de pouvoir, tellement avide qu'il se mis à condamner les échecs dans ses rangs en ordonnant des mutilations à l'égard des éléments responsables ou de leur prendre la vie, chose qui donna lieua des désertions en masse.

Enfin et à la condition d'une dot conséquente, Ethan accepta également pour compagne légitime une riche héritière issue d'une lignée vénérable d'Ascalon. Dame de prestige qu'il cloîtra la plupart du temps dans ses quartiers, par crainte qu'elle s'acoquine avec le tout venant, selon ses propres paroles... Celle-ci n'était au final exposée publiquement avec lui qu'en la qualité de "trophée".

Celle-ci tomba par ailleurs enceinte, chose qui aurait théoriquement du réjouir son conjoint, mais ce ne fût pas le cas... La venue d'un héritier légitime pour Ethan ne signifiait qu'une chose, lui transmettre le pouvoir le jour ou ce dernier aurait atteint la majorité le jour de la naissance du nouveau venu, le père le jaugea l'espace d'un instant avant de quémander à son Chambellan de donner des consignes pour faire disparaitre celui qui risquerait un jour de lui couper les racines sous les pieds, il ordonna ainsi la mort de son propre fils.

Le destin du fils ne fût finalement pas si funeste que cela... Pour le Chambellan, l'héritier légitime constituait le dernier espoir pour redorer le blason d'une lignée souillée par les agissements d'un seul homme... L'enfant fût donc exilé à la lisière des cimefroides avant d'y être trouvé par un groupuscule de trappeurs norns, Askel devint ainsi son nom.

Le Seigneur de la Maisonnée quant à lui rendit l'âme quelques années plus tard de la même manière que son père avant lui.