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 La menace rôde

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Armaggion



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La menace rôde Empty
MessageSujet: La menace rôde   La menace rôde EmptyJeu 18 Juin 2015 - 14:00

Les ruelles sombres succédèrent aux escaliers obscurs, puis les escaliers se transformèrent en venelles, passages et ruelles encore. On prenait à main droite puis à gauche, tâtonnant avant de traverser une voie plus importante et de s'enfoncer de nouveau prestement entre deux murs aveugles pour enchaîner sur un autre dédale de traboules inextricables. Jamais la jeune femme ne s'était enfoncée de la sorte dans les arrières-cours en pleine nuit. Un chien aboyait ici ou là, des rats s'enfuyaient et du linge flottait doucement comme des fantômes dans la nuit. Les gardes pressaient l'allure en silence et seul le bruit de leurs bottes ferrées trouaient le silence de leurs pas précipités. Personne n'échangeait un mot. A l'avant, un ouvreur faisait régulièrement signe au capitaine qui s'efforçait de ne jamais marquer d'arrêt, entretenant un rythme soutenu. Une porte anonyme s'ouvrit et la petite troupe s'engouffra en un clin d’œil dans une pièce qui, pour grande qu'elle put être, semblait soudain petite ainsi envahie d'une dizaine d'hommes en armes qui vérifièrent immédiatement toutes les issues en lançant des "RAS" assourdis de tous les côtés.

Quelqu'un prit la peine d'allumer une bougie pour disperser les ténèbres de sorte que l'on put éteindre les lanternes. On disposait désormais d'une lumière ambiante que Talisman prit soin d'amplifier quelque peu d'un rapide sortilège. Les volets de l'unique fenêtre étaient hermétiquement clos et l'ouverture elle-même bouchée à renforts de poignées de paille grise. "Allez-vous bien, dame ? s'enquit le sergent Sidhe, récemment promue et qui n'en était pas à son baptême du feu.
- Oui, ça va. Je reprends mon souffle.
- Comme nous tous. Reposez-vous, prononça la soldate d'une voix particulièrement douce qui contrastait avec son équipement imposant.
- Je m'inquiète pour mon assistante, Aurore, et mon amie Kelyndwell.
- Pas pour longtemps, intervint le capitaine Andérans avant de se tourner vers ses hommes. Vous trois, nous repartons. Sidhe, vous restez là avec les autres et vous gardez l'oeil ouvert.
- Bien capitaine", répondit l'intéressée, non sans adresser un regard compatissant à Talisman.

Les soldats échangèrent des mots dans leur jargon dont Talisman ne comprit pas tout le sens. Mais il semblait clair qu'elle ne devait pas sortir. Hormis ceux qui avaient reçu l'ordre de se poster discrètement pour veiller à sa sécurité, les autres repartirent bien vite dans la nuit noire. Une lourde barre fut glissée derrière la porte.

La maison était très petite et humide. Le rez-de-chaussée au sol de terre battue ne disposait que d'une cheminée, mais rien pour l'alimenter, deux chaises et une table surmontée d'un bougeoir en fer blanc où se consumait lentement la bougie rabougrie. Un seau glissé sous la table achevait un décor pour le moins rustique. Un soldat ressortit d'une petite pièce attenante où l'ensorcelleuse put à peine discerner ce qui ressemblait à une réserve car il tira sans tarder la porte derrière lui. Aucune idée de ce qu'il y avait à l'étage mais la jeune femme pouvait deviner en haut de l'escalier les bottes de fer d'un garde qui ne lui permettrait sans doute pas d'exercer sa curiosité. Nul besoin d'user de ses sens psychiques aiguisés pour deviner la présence d'un de ses collègues qui fouillait le peu de mobilier qu'il devait y avoir là-haut.

- C'est un repaire secret, quelque chose comme ça ?
- Nous en avons quelques-uns comme ça, se contenta de répondre laconiquement Abygaelle Sidhe qui stationnait à la porte d'entrée, à l'écoute des bruits de l'extérieur.

Talisman, dont le regard glissait sur les gouttes de sang séché de longue date sur la table, n'osa imaginer le genre de choses qui pouvaient se dérouler ici. L'envie de demander combien de temps durerait cette mise en secret lui effleura l'esprit, mais rien ne franchit ses lèvres. Faire confiance aux gardes du ministère et chasser son anxiété lui sembla l'attitude la plus appropriée. Elle se contenta de tirer une chaise, l'épousseter un peu et s'y assit pour repenser à ce qui s'était produit.



L'homme s'était présenté à la tombée de la nuit une bonne heure plus tôt de façon courtoise, à visage découvert, comme un envoyé des Valyena, duc et baron, pour exprimer les félicitations du duc à l'égard de la prestation de la candidate la veille, en y adjoignant un petit cadeau du baron pour faire bonne mesure "afin d'honorer chacun pour ses louables efforts". "Chevalier Armand" avait-il annoncé en tendant une enveloppe. Son discours manquait de substance mais l'individu donnait le change avec une certaine aisance et aucun signe apparent de nervosité. Kelyndwell avait été suspicieuse dès le départ, et Aurore ne l'était pas moins, aussi la jeune psychomancienne avait-elle été à l'affût. A sa demande l'homme avait présenté une fibule marquée aux armes de la colonie d'Ascalon.

Talisman n'avait pas esquissé un geste devant la main tendue, guettant une faille, un signe. Elle n'avait saisi enfin le courrier qu'à l'ultime instant. Quel culot, et quel sang-froid ! Les hommes suffisamment entrainés pour remplir sans faillir un instant une telle mission ne devaient pas être légion.

Quand le message fut reparti, laissant ces dames perplexes, elles contemplèrent le courrier avec circonspection, retournant l'enveloppe en tous sens. Aurore suggéra de l'ouvrir contre le vent. Un garde s'interposa alors, proposant avec insistance de s'occuper lui-même de déchirer l'enveloppe. Dûment autorisé, il s'éloigna d'un pas et procéda. Sous ses gants de fer malhabiles, l'enveloppe céda et il put extraire la lettre elle-même. Il ne chercha pas à la lire, se contentant de la déplier et la secouer un peu avant de la tendre à sa destinataire.

Les occasions sont rares de regretter le fait de maitriser les langues pré-néokrytiennes. Oh ce n'était qu'une occupation secondaire que la jeune candidate avait pratiquée auprès de son mentor, lui-même polyglotte érudit. Il jugeait de la plus haute importance de comprendre l'enracinement des mots dans leur langue, et comment l'esprit se les appropriait au fil des époques. La prononciation de la jeune femme restait assez hasardeuse par instants, son vocabulaire moyen et sa syntaxe probablement risible pour des individus ayant vécu trois cents ans plus tôt. Mais ces défauts ne firent rien à l'affaire : la feuille de papier n'était ornée que d'un seul mot en langue orrienne : "explosion".

Elle n'eut même pas à le prononcer. Aurore avait lu la même chose mais n'eut guère le temps de réagir. Talisman la saisit dans ses bras tout en appelant à l'aide la magie de Kelyndwell. Le garde tressaillit quand le papier s'enflamma subitement dans ses doigts ferrés, mais eut
l'excellent réflexe de le plonger illico dans le bassin. Kelyndwell enveloppa aussitôt la candidate dans une bulle iridescente.

L'explosion secoua les murs de la villa du ministre. Les oiseaux s'envolèrent en nuées dans le soir et le silence retomba.

Talisman était protégée des plus gros éclats de pierre et des masses d'eau éjectées du bassin. Le garde décolla d'au moins deux pieds de haut avant de retomber lourdement dans un bruit de plaques qui s'entrechoquaient. Son bras faisait un angle étrange mais, et son gantelet était noir, il semblait néanmoins intègre. Aurore venait de se faire éjecter de l'étreinte de Talisman par la bulle protectrice de Kelyndwell et gisait au sol, aussitôt couverte de poussières, de petits gravats et trempée que pouvait l'être la ritualiste, soulagée que sa bulle ait fonctionné.

Le garde gémit et fut bien vite pris en charge par ses collègues qui rappliquèrent à toute vitesse, l'arme en main. On se précipita vers Aurore avant de réaliser que, si elle avait les yeux fermés, ce n'était pas suite à une perte de conscience, mais parce qu'elle était en train de calculer, le nez sur les pavés de la cour où elle venait d'être propulsée, la puissance de l'explosion mesurée à la hauteur des projections, et la quantité d'arcane qu'il avait fallu concentrer pour obtenir l'effet constaté. Un refuge psychique contre le choc sans doute : on la conduisit à la cuisine où elle se laissa docilement mener. Un débarbouillage et un verre d'hypocras allongé d'eau un peu plus tard, et elle avait retrouvé ses couleurs, tout autant que Kelyndwell qui achevait de sécher et épousseter sa robe.

- N'a-t-il pas dit qu'il avait encore des cadeaux pour Elyse Lunesprit et dame Griffin ?
- Mais... si, tu as raison Tali, réalisa Kelyndwell alors que les domestiques achevaient de l'aider à retrouver figure humaine.
- Je sais où trouver Elyse annonça Aurore d'une voix timide.

Ce n'était pas le moment de lui demander par quel miracle les Six lui avaient permis d'en avoir la moindre idée : immédiatement tout le monde gagna le quartier Salma pour aller prévenir l'intéressée la plus proche. Talisman avait une idée assez précise de l'endroit où rencontrer dame Griffin, ou du moins apprendre où l'on pourrait la trouver : elle l'avait déjà rencontrée derrière le comptoir de l'auberge de Salma un soir où elle avait accepté l'une des nombreuses invitations du sieur Beltim. Hope Griffin avait semblé à son affaire, peut-être même avait-elle des parts dans ce commerce car elle semblait exercer une certaine autorité.

C'est en arrivant devant la porte de la demeure de dame Lunesprit, connue pour abriter ses réunions de vente privée sous l'enseigne du "Rouge-Gorge", que Kelyndwell se figea subitement. Les deux autres femmes et les quelques gardes qui les accompagnaient s'arrêtèrent en désordre, surpris de cet arrêt brutal.

- Là ! Je.. je crois que c'est lui, souffla Kelyndwell, désignant une silhouette de l'autre côté de la place.

S'en suivit une rapide cavalcade. Un individu tenta, malicieusement ou non, de retenir le petit groupe. Souhaitait-il faire gagner du temps à son compère ? Difficile à dire. L'individu en avait profité pour disparaitre mais, malgré les amabilités encombrantes de celui qui tenait à se présenter à elles, les jeunes femmes avaient eu l'impression que quelques silhouettes avaient arpenté une ruelle en contre-haut, à l'extrémité ouest de la place. Les gardes décidèrent de se scinder. L'un resta en bas, côté place principale, tandis que les autres se ruèrent vers la ruelle en faisant le grand tour qu'imposait la disposition des lieux. Talisman suivit, et, en chemin, rencontra maître Beltim accompagné d'une dame. L'ancien horloger reconnut la ruelle désignée comme étant celle qui desservait les arrières d'une maison de passe dont il prétendit bien connaitre la mère maquerelle. Il se proposa pour quérir lui-même l'individu recherché, ce que Talisman accepta avec gratitude, n'ayant aucune envie de s'afficher en un tel lieu. Prise d'une intuition, elle se glissa dans la ruelle de derrière, accompagnée de l'autre dame.

Il était là !

Les gardes le mirent en joue immédiatement alors qu'il grimpait sur le bout de rempart, et lui intimèrent l'ordre de se rendre sans résister. La jeune candidate tenta de tisser un sortilège, mais l'individu y fut insensible et il fallut de longs instants avant que ne cède la protection dont il disposait, temps pendant lequel il échangeait quelques provocations avec les soldats. Kelyndwell avait tiré Talisman en arrière sans que cette dernière ne le réalise vraiment, toute à sa concentration. Elle allait enfin parvenir à faire pénétrer son enchantement quand le fugitif sauta subitement en contrebas !

Puis la course poursuite... et elle se retrouvait ici.

La sergent Sidhe avait posé une main secourable sur l'épaule de la candidate, à laquelle cette dernière avait répondu d'un maigre sourire. Puis, alors que la jeune sergent venait de regagner son poste à l'entrée, elle s'employa soudain à retirer la lourde barre : le signal venait d'être toqué à la porte.

Une volée de soldats surgit à nouveau. Elyse Lunesprit se trouva propulsée dans le flot avec sa garde du corps, et fort fâchée de l'être. Talisman, quant à elle, fut soulagée de retrouver aussi non seulement sa jeune conseillère qu'elle prit dans les bras, s'enquérant de sa santé, heureusement bonne, mais également son mari qu'Aurore avait fait quérir.

Puis, l'instant d'après, tout ce petit monde fut de nouveau convoyé à pas pressés, empruntant tours et détours, jusque dans les locaux du ministère où se tenaient déjà Tancrède Volderodh et sa cousine Héloïse. Il s'en fallut d'un bon moment encore avant que la garde ne permette à chacun de reprendre le fil de son existence. Dame Lunesprit avait apparemment fait scandale de cette protection imposée, au point que, de guerre lasse, un officier l'avait sans doute autorisée à s'en soustraire. Un individu cynique y aurait vu une preuve de culpabilité de celle qui sait ne pas être une cible. Mais Talisman ne la pensait pas capable d'une telle malfaisance. Le capitaine Andérans leva le dispositif tard dans la nuit.

Tout semblait à nouveau si calme... Ce n'était qu'une illusion. Par delà les lueurs nocturnes et les toits endormis, un sombre complot était à l’œuvre, un complot qui associait au moins un espion de très haut vol, doué d'un culot redoutable, et un ritualiste capable de concentrer en un seul mot une énergie impressionnante, libérable sans même qu'il soit besoin de le prononcer. Là encore, une rareté. Cette rareté était aussi une faiblesse, et nul doute que la garde du ministère remuerait ciel et terre pour identifier ceux-là promptement. En attendant, il était temps d'aller grappiller quelques heures de sommeil, un sommeil qui ne cesserait de fuir une fois de plus.
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