Dès le passage de l'Arche du Lion, il fut évident que quelque chose clochait. Certes il y avait bien quelques gardes qui adressaient de fermes froncements de sourcils à qui s'approchait des colis marqués aux armes du Ministère de Kryte, mais ces colis eux-mêmes n'avaient rien à faire ici. Le sceau officiel était formel : ils contenaient les urnes pour les prochaines élections ministérielles et ne devaient en aucun cas passer le portail asura avant que l'enchantement garantissant au mieux la régularité du scrutin ne soit définitivement posé. Et cette étape n'était pas prévue avant quelques jours car quelques ingrédients très spécifiques - et très secrets- restaient à réunir pour procéder au rituel.
La visite chez le forgeron en charge de la rénovation des urnes n'avait pas apporté de révélation fracassante. Le contraire eut été un peu étonnant car les fraudeurs risquaient gros, tant en termes de conséquences judiciaires que d'image de marque. Mais après les premiers pas dans l'ambiance bruyante et surchauffée, faite de heurts de métal, de crachements d'eau ébouillantée et de toutes sortes de halètements et de chuintements, d'odeur de métal en fusion, de sueur et de brûlé, les trois enquêteurs du ministère purent néanmoins repérer un détail intéressant : la poudre d'enchantement, une sorte de composé arcanique destiné à aider à la fixation de la magie, était contenue dans un petit baril visiblement très lourd et marqué du logo des entreprises Springfield.
Ce détail n'aurait retenu l'attention de personne si la jeune conseillère n'avait pas eu connaissance par ailleurs des efforts - que d'aucuns auraient considéré comme fort méritoires - de ce bougre de manufacturier pour se procurer une charge nobiliaire. Une fois déjà la Garde du Ministère avait flairé une fraude, sans parvenir à une réelle conclusion, mais la jeune femme se promit bien d'aller consulter ce dossier auprès du capitaine Andérans pour satisfaire à cette intuition qui lui titillait l'esprit. Aurore, usant de son esprit d'analyse si particulier, s'était, quant à elle, étonnée de l'absence de monnaie dans la besace de la femme qui faisait commerce de la production locale. Bien entendu il n'était pas impossible qu'elle ait été à court tout naturellement, mais la coïncidence lui parut troublante. Avait-elle eu affaire ces derniers temps à des individus qui ne négocient pas en petite monnaie ?
Par ailleurs, si des colis avaient été préparés près du portail, on certifia à la jeune conseillère qu'ils seraient déménagés très rapidement, n'ayant été entreposés là que le temps de faire un peu de place pour les extras embauchés pour l'occasion dans les ateliers de forge. Le chef d'atelier fit immédiatement faire le nécessaire pour que les urnes restaurées soient remisées dans l'entrepôt afin de garantir qu'aucune émanation ou irradiation magique provenant du portail n'en faussent les qualités recherchées avant même que les enchantements soient posés.
Enfin les trois enquêteurs avaient appris que ces fameux enchantements allaient être posés dans quelques jours et n'attendaient en réalité que le dernier ingrédient, lequel faisait partie d'une cargaison envoyée par convoi en provenance du mont Maelstrom. Rien d'inquiétant dans cette nouvelle jusqu'à ce que, ce matin, on apprenne que le convoi avait été retenu à la frontière de cette région lointaine sans qu'on parvienne à en saisir le pourquoi.
Une nouvelle inspection s'imposait, et la promenade s'annonçait potentiellement moins pacifique qu'une visite dans les quartiers ouvriers de la cité ascalonienne.
(Note HRP : Ce petit scénario en cours se contente de surfer sur la vague des élections mais n'est pas destiné à avoir la moindre interaction avec elles, à la demande express des organisateurs de ces dernières. Merci de respecter leur volonté en évitant la confusion.)
