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 Entends-tu la voix du Peuple ?

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Lucian Richter

Lucian Richter


Messages : 280
Date d'inscription : 23/03/2015

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MessageSujet: Entends-tu la voix du Peuple ?   Entends-tu la voix du Peuple ? EmptyJeu 23 Avr 2015 - 15:43

On entendait souvent le docteur Richter chantonner en travaillant. Si l'habitude en avait surprit plus d'un, on avait très vite cessé de s'en offusquer : S'il avait le temps de fredonner, n'est-ce pas, c'était que tout allait bien.
Il fredonnait donc encore lorsque, penché sur un bébé qui chouinait davantage qu'il ne pleurait, la petite Nellie enfonça sa porte en trombe, accrochée à la poignée. Elle criait "DOCTEUR, DOCTEUR !" sans pouvoir se contenir, et se figea net devant la scène. A ces heures là, Lucian ne recevait habituellement pas.

Lucian ne tourna pas un instant la tête. Un léger haussement de sourcil indiqua qu'il avait entendu. La mère du petit s'était vivement redressée sur le siège où le médecin l'avait forcée à prendre place afin qu'elle cesse de le tourmenter en faisant les cent pas. Nellie sembla prendre sur elle pour baisser d'un ton mais elle dominait à grand peine le tremblement paniqué dans sa voix. "C'est mon...un...un ami, docteur, il a besoin de vous, c'est urgent.
- Retourne dans la salle d'attente, Nellie.
- Mais.
- Retourne dans la salle d'attente, Nellie. Ce n'est pas une demande."

Déconfite, Nellie recula. Eut-elle été plus mal élevée qu'elle eut sans doute claqué la porte, mais elle la ferma doucement derrière elle. Lucian adressa un sourire affable à la femme qui se laissait de nouveau lentement couler dans le fauteuil que le médecin avait avancé pour elle. Son bébé ne vagissait plus et sa respiration pénible paraissait s'être sensiblement dégagée.
"Venez, dit gentiment Lucian en offrant sa main à la dame. Je vais vous montrer comment faire."

Nellie se rongeait les sang depuis ce qui lui paraissait être une éternité quand la porte du bureau se rouvrit. Lucian raccompagnait la femme et son nouveau né en prodiguant ses derniers conseils d'une voix douce et feutrée. Après lui avoir serré la main une derrière fois sur le pas de la porte, Nellie vit ses pieds se déplacer à nouveau dans sa direction, du coin de l'oeil. Elle gardait obstinément la tête baissée, le visage boudeur et tourmenté. La figure de Lucian apparut dans son champ de vision : Il s'était agenouillé devant elle, les coudes sur les cuisses, les mains lâches entre ses genoux.
"Maintenant qu'un nouveau-né ne risque plus de s'étouffer dans son mucus au cours de la soirée, Nellie, je t'écoute."

Nellie fondit en larmes et Lucian dut prêter une oreille attentive à ses hoquets. Une balle perdue, son petit am...Non ! un ami l'avait ramassée dans l'épaule. Elle avait tenté de faire comme Lucian lui avait montré mais tout le sang, et il geignait de douleur, et il avait mal, et il avait tourné de l'oeil en fracassant une chaise sous sa chute et...

La main de Lucian apparut de nouveau dans son champ de vision embrouillé de larmes. Il avait passé une veste par dessus sa chemise blanche au manches roulées sur les coudes et plaçait un chapeau-claque sur ses cheveux noirs. Il avait à la main sa canne et sa trousse des visites.
"Conduis-moi" dit simplement Lucian.

Nellie enfila les rues vers des quartiers que Lucian était rarement amené à arpenter. On croyait souvent à tort que tout le quartier populaire n'était qu'une gigantesque cour des miracles. A la vérité, la plupart des gens ne vivaient pas beaucoup plus mal que dans le reste de la ville. Juste plus simplement. On trouvait dans ces petites maisons rangées en boîtes à chaussures des gens dignes et respectueux qui ne demandait pas grand chose à la vie, sinon éviter de se faire écraser par les gros sabots d'un poisson plus gros qu'eux. Mais dans la rue qu'enfilait Nellie, la misère côtoyait la misère, de vrais mendiants en guenille tendaient la main parfois à un détour de rue. Lucian capta de l'oeil une mystérieuse transaction dans une impasse louche, sans pouvoir s'y attarder parce que Nellie filait comme le vent maintenant qu'elle se rapprochait de son "non ami". Lucian la suivait péniblement, sa canne toquant sèchement sur la boue, les rues n'étant même plus pavées. Elle s'arrêta enfin devant une cabane d'aspect franchement miteux. Les fenêtres avaient été condamnées par des planches clouées en guingois. Même la porte avait dû être bloquée parce que Lucian dut plier en deux sa grande carcasse pour passer sous une grosse poutre vermoulue bardée de clous rouillés.
La nuit était tombée depuis longtemps et Nellie dut allumer une chandelle de suif qui répandit une odeur graisseuse dans une atmosphère déjà fort épaissie par la puanteur du sang. Lucian se couvrit un moment le nez avec sa manche, le temps de s'accoutumer à l'odeur. Il voyait sur la chaise ce pour quoi on l'avait cherché et le jeune homme n'était pas beau à voir.

La mine grisâtre, le visage de l'ami de Nellie luisait d'une mauvaise sueur annonciatrice d'une infection. Tout son côté droit depuis l'épaule était noir de sang séché qui avait teinté de façon inégale le lin brunâtre de sa tunique. Lucian posa sa mallette et, penché sur le jeune homme, déchira sans façon un vêtement que Nellie avait fait l'erreur de chercher à préserver. Le blessé se réveilla soudain, le regard fou, et chercha à cogner, mais il était si faible que Nellie suffit à le maîtriser pendant que Lucian déposait ses instruments sur la table. Nellie tremblait. Elle alla se ramasser sur une chaise, les genoux repliés entre ses bras. Elle se balançait doucement en regardant faire Lucian, chassant de son esprit impressionnable les pensées qui cherchaient à s'y imposer. Le souvenir d'une ombre. Le souvenir d'un Lucian mort qui n'aurait pas dû marcher, et cette bête malfaisante penchée sur lui.
Lucian usa de grandes quantités d'alcool pour nettoyer la table douteuse. Finalement, il appela Nellie pour qu'elle l'aide à étendre le blessé sur la surface place. Elle n'était pas à la bonne hauteur et Lucian redoutait de ne pouvoir trouver un angle correct, mais il redoutait plus encore de voir le garçon s'effondrer pendant qu'il fouillerait son épaule. D'un geste, il fourra un plateau remplit d'instruments de torture dans les mains de Nellie. "Il faut les faire bouillir, Nellie. Peux-tu faire cela ? Demande à un voisin, n'importe quoi. Au moins une demie heure ?"
Lucian se tut quelques secondes. Un horrible soupçon lui venait : "Tu n'as pas stérilisé ce avec quoi tu as tenté d'extraire la balle, n'est-ce pas ?
- J'ai utilisé mon couteau, docteur. Je l'ai passé à la flamme de la chandelle.
- Oh bon sang, Nellie..."
Lucian se pencha à nouveau sur la plaie pour l'examiner en remontant ses lunettes sur son nez. "Une demie-heure", répéta-t-il tandis que Nellie sortait précipitamment.

Le jeune homme râlait doucement sur la table d'opération improvisée. Il pouvait avoir dix-sept, peut-être dix-huit ans, mais la rue faisait grandir plus vite cette sorte de spécimen. Pendant que Lucian tâchait de nettoyer sa plaie correctement, il ne le quitta pas du regard, les yeux brillants de fièvre. Enfin, une question filtra entre ses lèvres craquelées et desséchées : "Je suis au paradis...?
- Pas vraiment, répondit Lucian d'un air joyeux. Vous en êtes même passé assez loin mais si la balle ne représentait pas un grand danger, l'infection, elle, est en train de vous gagner. Vous êtes si sale que la pauvre Nellie n'a pas dû ajouter beaucoup de germes dans votre blessure.
- Putain de merde, vous êtes un homme ! sursauta le jeune homme au son clairement masculin de la voix de Lucian.
- Et grossier avec ça. Je suis le docteur Lucian Richter, jeune homme. Quel est votre nom ?"
Le blessé plissa les yeux. Ca ne ressemblait pas à un interrogatoire en règle, mais Lucian n'était pas le genre de personne qui inspirait la confiance dans ces ruelles pourries. Pour commencer, il était bien trop propre.
- Je m'appelle James.
- James...c'est cela...et bien James, quand j'aurai retiré cette balle, recousu ce que je peux recoudre et globalement sauvé votre peau des germes qui sont en train de festoyer sur vos tissus, vous aurez tout de même une période de repos à observer parce que je ne suis pas un foutu mage. D'ailleurs, ajouta-t-il avec un instinct infaillible, je vais demander à Nellie de s'assurer que vous ne fassiez pas de bêtises.
- Vous auriez pas dû mêler Nellie à ça, m'sieur.
- C'est elle qui s'en est mêlée toute seule. "Balle perdue", hein ? C'est fou comme ça s'égare ces choses là."

Lucian lui tourna le dos pendant qu'il rangeait ses affaires. Il nettoya une nouvelle compresse à l'alcool dans le plus grand silence. Ses gestes était désinvoltes, délibérément ralentis. Au bout d'un long moment, James murmura : "Elle était peut-être pas si perdue que ça.
- Vous m'en direz tant.
- Bordel, vous êtes médecin non, vous êtes censé compatir un peu !"
Lucian se retourna vers le jeune homme. Il appliqua la compresse, et James serra les dents, avant de réaliser qu'il n'avait pas mal. Les gestes de Lucian étaient étonnamment doux et professionnels. Lucian avait retrouvé son sérieux, son murmure était régulier et simple :
- Je ne compatis pas avec les imbéciles, James. Je ne vous ferai pas de mal et vous soignerai si vous avez besoin de l'être, mais ne me demandez pas d'être aussi bête que vous l'êtes.

James se raidit comme une bête rétive qui tente de se dérober à la main qui le soigne. Il rugit :
- Vous savez rien de nous et de nos vies ! Vous savez pas ce que c'est de se retrouver sans camp entre deux clans qui s'affrontent ! Vous savez pas ce que c'est de voir vos copains se faire tabasser dans une ruelle par des gens que vous connaissez même pas, juste parce que vous avez porté du rouge ou la couleur qu'il fallait pas au mauvais endroit au mauvais moment !
- C'est pour ça que vous avez décidé de porter du rouge au bon endroit au bon moment ?

James se tut, estomaqué. "Comment vous l'savez ?
- Je ne suis ni aveugle, ni stupide. Vous m'avez tout l'air du genre de jeunes chiens qui se lancent à l'aveuglette sur les traces d'un monde meilleur sans comprendre vraiment où ça mène. Vous êtes de la chair à canon."
James ricana : "Et vous croyez que je l'sais pas ? J'suis pas aussi débile que vous avez l'air de le croire. Mais y'a pas beaucoup d'opportunités pour les gens comme moi. Quand j'vois une porte de sortie, j'suis obligé de l'emprunter, même si j'suis pas sûr de pas trouver le canon d'un flingue pointé sur moi de l'autre côté."

Les deux hommes se turent. Nellie était revenue. Sans doute sentit-elle que l'atmosphère avait un goût d'orage, parce qu'elle déposa les instruments soigneusement classés auprès de Lucian avant de s'esquiver à nouveau. Le regard dont James enveloppa sur la petite silhouette qui s'évanouissait dans l'air nocturne ne trompait pas.
"Vous lui direz rien, hein ?
- Que ne dois-je pas lui dire, James ?
- Ben que mes copains et moi on a r'joint la Vague Pourpre et...oh...euh rien...
- C'est bien ce qu'il me semblait."
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