Le vent portait au loin les embruns et l'air iodé venus de la mer alors que les premiers rayons du soleil venait percer la couverture nuageuse. Le ciel si sombre annonçait une journée orageuse, l'eau aussi noire qu'une mer d'encre, balayée par les lueurs rosée de l'aurore.

Les navires étaient à quai mais déjà les équipages s'agitaient tout autour. Alors que les dernières caisses étaient chargée à bord, les voiles commençaient à se déplier, claquant au vent. Grandes ailes blanches de ses oiseaux des mers, lorsque le ciel se faisait aussi sombre que l'eau et que l'horizon se perdait et mêlait alors ciel et mer, on semblait alors les voir s'envoler en prenant le large.

Vision poétique d'un enfant, "Maman, regarde les bateaux! Avec leur ailes ils vont toucher le ciel!", la mère répondait alors, "Ce sont les voiles mon chéri, ils voguent ils ne volent pas.", mais l'enfant accroché à ses rêves laissait son regard rivé sur les bâtiments s'éloignant, un sourire plus rayonnant que le soleil sur son visage, alors sa mère n'insistait pas, elle souriait en retour, serrant doucement la main de son fils et avec lui les regardant prendre le large.

La Compagnie du Soleil Pourpre. Héritiers de Princes marchands Elonniens, la compagnie avait connu déjà bien des générations. Le vent toujours en poupe elle continuait de prospérer. Transportant des marchandises précieuses à travers les mers. Minerais, étoffes, bijoux, mais aussi céréales.

Joyaux et fierté de la Famille Kaless Heraï, les trois navires de la Compagnie avaient connu bien des tempêtes, mais aussi les pirates ainsi que des assauts kraits. Aucun n'avait encore jamais sombré. Toujours remis en état, on se refusait à les voir disparaitre, tel les enfants de la famille. Ils portaient les nom d'Ademys, Ecumeur et Aile Rouge.

Un mariage fut arrangé, scellant ainsi la fusion entre la famille Kaless Heraï, princes marchands, et la Comtesse Kaïly de Haïril, venant alors offrir à la compagnie des terres agricoles mais surtout une exploitation minière.

Les années passèrent avant que le malheur ne vienne les frapper. Emportant alors père et fils. Le cortège funéraire se fut dans un silence le plus total. Lorsque les deux corps furent déposés sur le bucher, lorsque les flammes vinrent alors consumer le corps du jeune enfant, sa mère se senti se consumer avec lui. C'est alors qu'elle confia la gérance de la compagnie et s'en alla.

Le deuil fut sans doute long, trop long. Des années... Elle ne remit pas un pied chez elle, se tenant informée de loin, recevant ses ambassadeurs et ses négociants loin de la mer, tenant son regard loin des navires.

Mais le temps était venu. Elle décida de son retour, et en ultime hommage à son enfant disparu, elle décida de renommer la compagnie, lui donnant son nom.
La Compagnie du Soleil Pourpre devint alors, Compagnie Ailes de Niros.